Nous sommes heureux d'annoncer à toutes les personnes qui s'intéressent à l'évaluation que le numéro 39.3 de la Revue canadienne d'évaluation de programme est maintenant disponible en ligne. Ce numéro contient 11 textes inspirants, motivants, stimulants, suscitant la réflexion et qui contribueront à votre développement professionnel et à votre expertise.
Voici le mot de la rédactrice (Jill Anne Chouinard) :
Il s’agit de mon dernier volume en tant que rédactrice en chef de la Revue canadienne d’évaluation de programme. Je suis très fière de tout le travail que nous avons accompli avec la Revue au cours des trois dernières années, et honorée d’avoir travaillé avec une équipe éditoriale extraordinaire. Le monde a beaucoup changé en trois ans, avec une incertitude politique, économique et financière accrue qui définit le moment présent. La valeur de notre travail d’évaluateur et évaluatrice est d’autant plus importante aujourd’hui qu’une grande partie de ce que nous nous sommes efforcés de réaliser en matière d’équité; de justice; d’égalité; de diversité des personnes, des points de vue et des perspectives; de lutte contre le racisme; et de collaboration est aujourd’hui menacée dans le monde entier.
Ce numéro de la RCEP comprend 11 articles et notes de pratique portant sur un éventail de programmes et de contextes communautaires, attirant notre attention sur le rôle de l’évaluation dans l’élaboration de politiques et son utilisation stratégique au sein du gouvernement fédéral, sur les intersections entre les approches collaboratives ou sensibles à la culture et la pédagogie sociale, sur les pratiques tenant compte des traumatismes et axées sur le rétablissement, et sur le rôle des approches autochtones dans la création d’une pratique d’évaluation décoloniale qui crée des espaces favorisant la sécurité culturelle, les relations, le militantisme, les cérémonies, la redevabilité, l’autonomisation et l’apprentissage.
La section « Nos racines et nos liens » contient quatre articles. Erb, Garcia et Stekia décrivent un cadre d’évaluation environnementale qu’elles ont utilisé avec des réseaux régionaux indigènes en Colombie-Britannique. L’article de Johnson, Dancey, Wonneck et Johnson critique les approches occidentales dans l’évaluation des programmes autochtones, car elles ne tiennent pas compte des protocoles culturels, des traditions et des cérémonies qui sont essentiels à toute recherche menée dans les communautés autochtones. Seneca et McCarn discutent de l’utilisation d’un cadre d’évaluation autochtone utilisé par un institut de santé autochtone urbain pour responsabiliser les communautés et les aider à se réapproprier leurs récits. Le dernier article de cette section, rédigé par Rowe, Nicholson, Walker-Swaney, Lawrenchuk et Johnson, étudie une évaluation menée par les Anishinaabe dans une clinique de soins intégratifs en santé maternelle et infantile, utilisée pour soutenir l’apprentissage continu et le bien-être au sein de la clinique.
Le présent numéro propose également trois articles et quatre notes pratiques. L’article de Núñez, Janer Hidalgo et Molina Palencia examine l’intersection entre l’évaluation participative et la pédagogie sociale et se fonde sur des entretiens avec 18 universitaires de sept pays. Mahani, Lyeo, Fung, Husack, Muhajarine, Diener et Brown explorent le rôle de l’évaluation dans l’élaboration de politiques dans une municipalité de taille petite à moyenne. Ces deux premiers articles sont axés sur le potentiel démocratique de l’évaluation. L’article suivant, rédigé en français par Larivière, Charpentier, Asselin, Michaud et Gauthier-Boudreault, traite de l’utilisation d’une évaluation émancipatrice pour soutenir une pratique axée sur le rétablissement en milieux résidentiels en santé mentale au Québec. La première note de pratique, rédigée par Thiessen et Chouinard, porte sur l’évaluation, effectuée par des Autochtones, d’un programme mené par une organisation gouvernementale non autochtone, et met l’accent sur la nécessité d’adopter une approche sensible aux traumatismes. La note de pratique française de Dussault, Godbout, Fernet, Boucher et Boileau reflète les défis rencontrés lors de la mise en œuvre d’une évaluation attentive et sensible aux traumatismes. Krasniuk, Lawson et Crizzle mettent l’accent sur une approche ascendante dans l’évaluation d’un programme de transport bénévole dans une communauté rurale. Enfin, la note de pratique de Levesque met en lumière l’utilisation stratégique de l’évaluation au sein du gouvernement fédéral.
Je tiens à remercier tout le monde pour son travail sur le présent volume et, en fait, pour tout le travail consacré à la Revue au cours des trois dernières années. Ce fut un honneur de travailler avec vous tous! Je remercie également le comité de rédaction et tous les réviseurs et toutes les réviseures. Nous ne pourrions pas faire notre travail sans vous!
Voici également le texte de l'introduction à la section Nos racines et nos liens (Larry Bremner, Dr. Nicole Bowman et Paisley Worthington) :
Koolamalsi/Taanishi/Pee-piihtikweek/Bienvenue aux parents et allié.e.s de Nos racines et nos liens (R et L), une section spéciale publiée régulièrement dans la Revue canadienne d’évaluation de programme (RCEP), qui s’inscrit dans un parcours intentionnel et intergénérationnel d’universitaires, de praticien.ne.s et de membres de la communauté autochtones. En effet, les voix et la représentation des évaluateurs et évaluatrices autochtones sont merveilleusement diversifiées et profondément enracinées dans les valeurs et l’éthique, et elles continuent d’enrichir et d’inspirer un contenu innovant et efficace qui vient bonifier le domaine de l’évaluation. En réfléchissant à ce parcours, nous réfléchissons aux moyens de protéger et de développer les façons autochtones de savoir, d’être et de faire par le biais de politiques et de pratiques. Les rédacteurs et rédactrices, les réviseur.e.s et les mentors de R et L marchent également avec les auteur.e.s qui présentent et mettent en commun, ici, les bons remèdes dont ils et elles ont fait l’expérience dans les communautés desservies. Ainsi, R et L met en lumière la sagesse et la diversité que les auteur.e.s des Premières Nations, Métis, Inuits et autres auteur.e.s autochtones, ainsi que leurs partenaires allié.e.s, apportent à la présente publication. Nous sommes ravis de présenter la cinquième édition de R et L, qui a été publiée pour la première fois en juin 2023. À ce jour, R et L a publié 17 articles auxquels ont contribué 50 auteurs du monde entier. Nous sommes fiers d’avoir publié plus de 40 auteur.e.s autochtones affilié.e.s à plus de 30 nations autochtones de la Terre mère.
La présente édition présente quatre articles dans lesquels les auteur.e.s démontrent les approches adoptées pour renforcer les communautés autochtones dans le cadre d’évaluations qui s’appuient sur des principes culturels, des pratiques éthiques et des objectifs centrés sur la communauté. Seneca, McCarn et Baker discutent du développement d’un modèle organisationnel - Indigenous Knowledge Informed Systems of Care - qui place la médecine traditionnelle au centre de ses activités. L’article donne un aperçu d’un programme de formation axé sur le perfectionnement de la main-d’œuvre et sur l’épidémiologie, la recherche et l’évaluation. L’évaluation a été guidée par le cadre d’évaluation autochtone de l’organisation. Cet article fournit aux lecteurs un cadre contextuel et culturel qui est valorisé, significatif et utilisé, ce qui est essentiel pour son application à l’évaluation.
Erb, Garcia et Stelkia ont réalisé une méta-analyse des données générées par le Network Environments for Indigenous Health Research (NEIHR) afin d’améliorer le leadership en matière de recherche dans des communautés de Premières nations, d’Inuits et de Métis (PNIM) en Colombie-Britannique (C.-B.), au Canada. Quatre thèmes primordiaux ont été mis en avant pour l’amélioration du NEIHR de la C.-B. : aborder la dynamique du pouvoir; utiliser des méthodes fondées sur l’épistémologie autochtone; redéfinir les mesures et les indicateurs de succès; et donner la priorité à l’idée de devenir plutôt qu’à celle d’avoir fait. Le document présente également le cadre d’évaluation environnementale, un ensemble de principes fondamentaux qui guident la déclaration annuelle des activités d’évaluation du BC NEIHR. Pour soutenir le paysage en pleine expansion de l’évaluation autochtone, l’analyse conclut que la clé de l’évaluation autochtone future réside dans la pensée systémique relationnelle ainsi que dans les principes d’autodétermination, de réciprocité et de bénéfice mutuel. Les auteures expliquent comment elles travaillent à l’amélioration du cadre pour mieux servir les chercheurs et les évaluateurs autochtones ainsi que les communautés, les collectifs et les organisations autochtones. Le processus, les principes fondateurs, les connaissances traditionnelles et la position décolonisatrice et antiraciste du cadre d’évaluation environnementale constituent un autre exemple de la volonté et de la capacité des communautés PNIM à créer des cadres d’évaluation novateurs qui contiennent des valeurs de programme, des principes d’évaluation, des indicateurs d’évaluation et des domaines d’enquête qui viennent soutenir profondément l’évaluation.
Johnson, Dancey, Wonneck et Johnson évoquent leurs efforts collectifs visant à mettre en évidence le travail invisible qui est systématiquement négligé dans la façon dont sont évaluées les recherches et les évaluations ancrées dans les communautés autochtones. Ils suggèrent que le travail invisible de préparation de l’évaluation dans les communautés autochtones n’est pas apprécié ou reconnu comme un élément de recherche tangible parce que, dans le milieu universitaire, ce travail est considéré comme une simple tâche quotidienne. Pour les auteurs, négliger ces préparatifs revient à dévaloriser précisément ce qui permet d’entreprendre des évaluations en respectant les buts, les objectifs et les protocoles des communautés autochtones. Ils affirment qu’en négligeant les préparatifs qui renforcent l’engagement envers la communauté, nous ne voyons pas non seulement les liens profondément enracinés avec le peuple, mais aussi les liens plus importants avec la terre, les ancêtres et les générations suivantes.
Nicholson, Walker-Swaney, Lawrenchuk., Johnson et Rowe décrivent une approche d’évaluation fondée sur le travail d’une clinique communautaire qui vise à fournir des services de santé maternelle et infantile et de bien-être familial dirigés par des Anishinaabe aux membres de la communauté dans le nord du Minnesota. Les auteurs soulignent l’importance du rétablissement de pratiques, de l’utilisation de langues et de structures de gouvernance autochtones comme actes de résistance et de réaffirmation de la souveraineté. Ils concluent que leur parcours renforce le fait que les évaluations fondées sur des valeurs culturelles ne sont pas seulement des méthodes de mesure, mais aussi des moyens de favoriser la souveraineté, la responsabilité relationnelle et des changements initiés par la communauté.
Les auteurs qui soumettent leurs travaux à Nos racines et nos liens continuent de nous inspirer et nous espérons qu’ils vous inspireront également! Nous exprimons notre gratitude aux partenaires autochtones et non autochtones qui continuent à faire de la vision de R et L une réalité. Nous attendons avec impatience les prochaines éditions pour continuer à mettre en valeur et à illustrer les contributions autochtones à la communauté et au domaine plus large de l’évaluation. Le cas échéant, et avec l’autorisation des auteur.e.s, nous partageons également les façons dont les auteur.e.s associent les approches autochtones de l’évaluation à d’autres approches de soutien. R et L met en lumière ces voix autochtones, des Premières nations, métisses et inuites, ainsi que la manière dont les connaissances autochtones sont utilisées dans la réflexion, la conception, les méthodes et la théorie de l’évaluation. Il est vraiment passionnant de faire partie d’un mouvement axé sur la publication des voix autochtones et qui célèbre les façons autochtones d’être, de savoir et de faire.
Comme toujours, nous encourageons les praticien.ne.s de l’évaluation, les universitaires et les étudiant.e.s autochtones, en tant qu’auteurs principaux, à considérer R et L comme un lieu de publication de leurs travaux. Les partenaires allié.e.s (voix secondaires) sont les bienvenu.e.s pour soutenir ces auteur.e.s autochtones dans le développement de leurs capacités à trouver leur voix et à la publier dans R et L par tous les moyens créatifs dont ils sont capables. Ensemble, notre voie de guérison fait partie du travail de vérité et de réconciliation que nous sommes appelé.e.s à faire, et est enracinée dans l’éthique, la culture et l’humanité pour faire du secteur et du monde des endroits plus sûrs dans lesquels guérir, grandir et prospérer.
Cependant, pour continuer à aller de l’avant, nous avons besoin de votre aide, non seulement en tant qu’auteur.e.s, mais aussi en tant qu’évaluateurs et évaluatrices. Si vous souhaitez devenir relecteur/relectrice, veuillez envoyer un courriel à cjpe@evaluationcanada.ca et/ou créer un profil de relecteur dans le système en ligne ici https://mc04.manuscriptcentral.com/utp_cjpe. Et si vous êtes novice ou curieux en matière d’édition, veuillez communiquer avec Larry à l’adresse larry@proactive.mb.ca ou avec Nicky à l’adresse Nicky@bpcwi.com pour une éventuelle candidature. Anushiik/merci de faire partie de la parenté de R et L en veillant à ce que notre collectif puisse continuer à aller de l’avant en célébrant et en publiant les voix et les pratiques autochtones.
Maarsi, anushiik, merci, thank you!