Thème

Faire (le) bien en évaluation : les bases et au-delà


Dans notre travail, nous cherchons à la fois à faire bien et à faire le bien en évaluation. Le premier de ces principes (faire bien en évaluation) exige de « maîtriser les bases ». Or, même si cette expression est courante, les bases n’ont souvent rien de basique. Un cadre, une théorie, une méthodologie, une stratégie ou un rapport d’évaluation bien adapté à un contexte donné peut s’avérer inadéquat dans un autre contexte. 

Le second principe (faire le bien en évaluation) renvoie au fait que nous engageons souvent à élargir, élever et promouvoir la qualité d’un programme, d’une politique ou d’un service par l’exercice de l’évaluation. Collectivement, nous cherchons souvent à appliquer ce principe : nous remettons en question les schèmes de pensée conventionnels, nous mettons en œuvre des techniques d’évaluation innovantes, et nous formons des alliances efficaces dans le respect des compétences professionnelles et du Guide d’éthique de la SCÉ.

Ironiquement, ces deux principes – faire bien et faire le bien en évaluation – ne vont pas toujours de pair. Dans le contexte quotidien et souvent routinier où nous faisons des évaluations dont le plan de travail, les questions, les objectifs et autres « bases » sont souvent clairement définis, il peut être difficile d’aller « au-delà » de ces bases et de poser des questions sur des sujets arrimés à nos valeurs :

  • Défendre les droits et le bien-être des personnes, des peuples et de toute la nature. 
  • Rechercher la vérité, la franchise et la transparence.
  • Être responsable envers toutes les parties impliquées dans l’évaluation ou affectées par l’évaluation.

Comment, quand et pourquoi pouvons-nous donc repousser les limites de « faire bien en évaluation » au-delà des bases pour y intégrer la fine pointe de ces domaines? En mettant de l’avant les tensions et les résonances entre « faire bien » et « faire le bien » en évaluation, nous mettons les congressistes au défi de réfléchir de façon approfondie et critique : 1) aux « bases » de l’évaluation que nous tenons pour acquises; 2) à ce que nous pouvons faire au-delà de ces bases en donnant libre cours à notre créativité et en poussant notre domaine vers l’avant; 3) à la possibilité de transformer la pratique de l’évaluation, en déterminant comment, pourquoi, quand et où nous pouvons y arriver le plus efficacement.

Voici les sous-thèmes :

Sous-thème 1 : Maîtriser les bases

On pourrait supposer que « les bases » de l’évaluation sont les mêmes pour tout le monde, mais ce n’est souvent pas le cas. Ces « bases » peuvent différer d’une personne, d’un contexte ou d’un secteur à l’autre. Ce sous-thème soulève les questions suivantes : Que signifie pour vous « connaître les bases », dans vos évaluations et dans les contextes où elles se déroulent? Comment le contexte dicte-t-il ce qui constitue une bonne question d’évaluation, le bon sens ou un bon cadre? Comment mener à bien nos divers éléments de preuve, dans le respect de l’éthique et des meilleures pratiques? Comment veiller à ce que les processus et les produits de l’évaluation répondent le mieux possible aux besoins des personnes qui l’utiliseront?

Ce sous-thème a pour objectif d’inciter les congressistes à réfléchir aux éléments essentiels à une solide maîtrise de la pratique de l’évaluation et de faire ressortir les différences fondamentales entre ce que nous tenons pour acquis sur les plans épistémologique et pratique.

Domaines de compétence visés : pratique technique, pratique réflexive.

Sous-thème 2 : Aller au-delà des bases 


En général, notre objet d’évaluation est bien défini, soit parce que nous en balisons nous-mêmes les limites, soit parce que quelqu’un d’autre le fait pour nous. Les discussions ou les réflexions relatives à l’équité, à la durabilité ou à la transformation sont parfois considérées comme « hors sujet » lorsqu’une évaluation est censée être « pratique », « rapide » ou « ciblée ». Ce sous-thème soulève les questions suivantes : Quand, comment, pourquoi et où repoussons-nous ces limites? Quand devrions-nous inclure ou préconiser activement les principes de l’écocentrisme, l’équité et la dignité sociale, et les nouvelles approches évaluatives? Existe-t-il des cas où une telle action est infaisable ou inappropriée?

Ce sous-thème a pour objectif d’inciter les congressistes à discuter de la possibilité de résoudre (ou de ne pas résoudre) les tensions et affinités éventuelles entre une évaluation « banale et routinière », aux objectifs parfois très structurés et modestes, et la « fine pointe » qui nous pousse à développer de nouvelles définitions de « bien », par des questions, méthodes ou autres avenues nouvelles (et peut-être radicales).

Domaines de compétence visés : pratique contextuelle, pratique de gestion, pratique concernant les relations interpersonnelles.

Sous-thème 3 : Transformer les « bases » pour faire progresser l’évaluation


Les professionnel·les de l’évaluation cherchent – et ont réussi – à transformer bien des choses : les évaluations, les objets d’évaluation, le contexte où ces éléments opèrent, la façon de penser des partenaires de l’évaluation, les politiques, les cadres et ainsi de suite. Ce sous-thème soulève les questions suivantes : Comment notre pratique de l’évaluation nous a-t-elle permis de réaliser certaines transformations générales ou particulières? Jusqu’où notre domaine a-t-il fait des progrès vers une profession inclusive? Quel cheminement nous reste-t-il à faire, et comment façonnera-t-il notre volonté de bien faire (le) bien en évaluation?

Ce sous-thème a deux objectifs : premièrement, souligner les réalisations collectives de notre profession et de notre société professionnelle; deuxièmement, réfléchir aux deux autres sous-thèmes dans l’optique d’un positionnement optimal de l’évaluation et des évaluatrices et évaluateurs pour influencer notre société, afin qu’elle progresse à la fois en matière d’équité et de justice pour les êtres humains et non humains et en matière de planification consciencieuse du monde à venir.

Domaines de compétence visés : pratique réflexive, pratique contextuelle, pratique concernant les relations interpersonnelles.